Cesar

César (1921-1998) est un artiste français, héritier de la tradition de la sculpture soudée et inventeur de techniques nouvelles. Son oeuvre est parfois résumée à une sorte de presse-papier industriellement reproduit (créé en 1976) que chaque année sur le podium brandissent les personnalités du cinéma français.

Né de parents toscans dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai à Marseille sous le nom de César Baldaccini, il entreprend des études artistiques dès l'âge de quinze ans. Il entre à l'Ecole des beaux-arts de Marseille en 1935 puis accède en 1943 à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Une période durant laquelle, il travaille le plâtre avant de réaliser ses premières sculptures en ferraille. S'il se tourne, par souci d'économie, vers des matériaux de récupération peu coûteux, il découvre très vite, dans les métaux, le lieu d'expression de sa puissance créative.

 

Fils spirituel de Rodin et de Giacometti, César fait la connaissance à Paris de Picasso et de Germaine Richier, et habite la même maison qu’Alberto Giacometti dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Ces rencontres ont une influence majeure sur les débuts de sa création artistique. César est aussi inspiré par le travail de Brancusi, de Pablo Gargallo et de Julio Gonzales.

 

Ses assemblages de déchets métalliques ont donné naissance à un bestiaire inquiétant, chauve-souris, poules déchiquetées, tortues en carapace et poissons rongés jusqu’à l’arête lui ont permis de proposer ses propres versions, très expressives, de la figure humaine. D'ailleurs, il obtient en 1954 le "Prix des Trois Arts" de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris pour une sculpture représentant un poisson de 3,40 mètres de long. Il participe en 1956 à la biennale de Venise.

Parallèlement, ses recherches le conduisent à l’invention de techniques de création plus audacieuses, avec en premier lieu les "compressions" de carrosseries d’automobiles. Il découvre cette technique en 1958, en fouinant chez un ferrailleur de Gennevilliers. A l’aide d' une presse hydraulique, il compresse des voitures et les expose au public comme des sculptures. Cet acte d’appropriation, est lancé comme un défi à la société de consommation, d'ailleurs ses "Compressions"  font scandale au salon de Mai de 1960.

 

Il créé ensuite les "Expansions" de polyuréthane à partir de 1965, entre ses mains, la résine liquide s’étale à l’horizontale, se gonfle, plisse, se lance à l’assaut du vide qu’elle moule. Les "Expansions" se déclinent en variations de bronze. Cette année est également celle où l’artiste crée l’une de ses pièces les plus connues : son Pouce, haut de 1,85m, souvent reproduit depuis. Celui qui a été installé en 1994 dans le quartier de la Défense fait 12 mètres de haut. Pour créer ces pièces, il utilise un "agrandisseur" et de la résine synthétique pour le moulage, partant de l’idée de la main, il arrive au "Pouce". Ses Empreintes divisent la critique et opposent d'une part les partisans des vocations "classiques" et d'autre part les défenseurs des créations "avant-gardistes" du sculpteur.

 

En 1970, il crée le Poing, sculpture monumentale de 7 tonnes en fonte d'acier inoxydable polie, installée sur la place d'armes au Lycée militaire de Saint-Cyr. En 1983, il entreprend la réalisation de son Centaure en hommage à Picasso, sculpture de 4,70 mètres de haut, achevée deux ans plus tard. La sculpture est installée au carrefour de la Croix-Rouge à Paris. Toujours en 1983, César réalise son Hommage à Eiffel pour la Fondation Cartier à Jouy-en-Josas.

 

À travers les Compressions, les Empreintes humaines et les Expansions, César remet en question les canons de la sculpture traditionnelle. L’emploi de la presse hydraulique, du polyuréthane expansé et de l’empreinte lui permet de s’approprier le réel de manière directe, en réduisant son intervention manuelle. Marquant la fascination de César pour l’esthétique du déchet industriel, ces œuvres ont fait de lui l’un des représentants majeurs du Nouveau Réalisme en France (Yves Klein, Arman, Jacques Villeglé et Raymond Hains). À partir des années quatre-vingts, l’artiste est cependant revenu à une sculpture plus traditionnelle et délibérément esthétisante. César reçoit le 27 juillet  1988 le prix Rodin.

Lors de la grande rétrospective que lui a consacré durant l'été 1997 la Galerie Nationale du Jeu-de-Paume, à Paris, César expose enfin ses "Grands Autoportraits aveugles", ses "Vanités". Leurs visages dénudés derrière des gangues de fer se dressent avec orgueil face à la mort, lui donnant humblement acte de tous les grelots, bouts de rubans déteints et médailles ternies suspendus à leurs crânes. César termine sa carrière avec cette série de portraits et d'autoportraits, face à face marquant avec la mort.

 

Le 6 décembre 1998, César décède chez lui, rue de Grenelle à Paris, à l'âge de 77 ans. Multiples hommages posthumes, dont ceux du président Jacques Chirac, d’hommes politiques, du monde des arts, et du grand public. La Fondation Cartier présente une exposition majeure consacrée à l’artiste César, dix ans après sa disparition (du 8 juillet au 26 octobre 2008). Artiste majeur du vingtième siècle, il se définissait comme un "autodidacte absolu."

 

"Avec mon expérience, mon âge — j’entre dans ma soixante-dixième année — je ne veux pas me faire d’illusions. Quand on vient de là d’où je viens, on reste en permanence dans le doute. Je ne peux pas dire que je détiens la vérité. Il n’y a pas de vérité unique. Je comprends tout le monde, peut-être parce que je ne suis pas con, y compris les intellectuels, même s’ils me donnent de temps en temps des complexes. Mais enfin, s’ils ont des têtes plus grosses que la mienne c’est seulement de face, pas de profil..." César.